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La Tunisie

                    
Le bigaradier est un oranger, citrus-aurantius à oranges amères.
Il donne des fleurs au printemps et le moment de la récolte, toujours faite à la main, est choisi avec soin entre mars et avril.
Si les fleurs sont trop fermées, le parfum sera vert, et si elles sont trop avancées, les principes aromatiques seront affadis.


La fleur d'oranger (ou d'oranger amer) pousse sur le bigaradier (Citrus aurantium L.) un arbuste aux feuilles ovales et luisantes. Le bigaradier, épineux, à fleurs blanches, à l’odeur agréable, plus grandes que celle de l’oranger doux (Citrus sinensis).

Dans l'Antiquité, la fleur d'oranger, très parfumée, symbolisait la pureté et servait à la fabrication des couronnes pour les jeunes mariées.

     

           


À l'époque de la floraison, le faîte des rameaux d'oranger se couvre de fleurs blanches disposées en bouquets. Dès qu'apparaissent les petits fruits, les pétales tombent au sol et sont ramassées le plus rapidement possible afin qu'ils ne perdent pas de leur blancheur. Ils sont immédiatement distillées pour obtenir cette merveilleuse eau de fleur d'oranger qui parfume les desserts méditerranéens et la confiserie moyen-orientale. 

Plusieurs parties de l'oranger amer ont des propriétés traditionnellement connues. Les feuilles et les précieuses fleurs sont reconnues comme sédatives, de même que les différentes huiles essentielles qu'on en extrait. L'huile essentielle des fleurs (ou essence de néroli) est reconnue pour être à la fois tonique, sédative et antidépressive.

     

L'eau de fleur d'oranger est réputée favoriser l'endormissement

La Tunisie et le Maroc sont les principaux producteurs de fleurs de bigaradier, avec des récoltes de 500 tonnes de fleurs, dont un bon quart est utilisé par les familles pour faire de l’eau de fleur d’oranger.
Mais la destination royale des précieuses fleurs c’est le néroli, huile essentielle très couteuse, qui est une base indispensable pour l’eau de Cologne et de très nombreux parfums.
Les prix s’envolent puisqu’il faut une tonne de fleurs pour extraire un kilo d’huile essentielle.

     

      
Les aspergeoirs, Mracha, sont des ustensiles indispensables pour les femmes coquettes.
On les remplit d’eau de rose, d’eau de fleur d’oranger ou de jasmin, pour répandre sur ses cheveux quelques gouttes de bonheur.

Dans les cérémonies de mariage ou les fêtes de famille, y compris les enterrements on asperge l’assemblée pour souhaiter à chacun un bon retour.

Dans certaines villes tunisiennes, un de fils de la maison est même désigné pour monter sur la terrasse, afin de n’épargner personne des invités présents.
On peut le voir quelquefois dans les cafés, ou les patrons s’en servent pour déposer quelques gouttes dans votre café.

     
               
Par Azza Zarrad
Tunisie
La fleur d'oranger, parfum porte-bonheur

   
La fleur d'oranger qui embaume le printemps tunisien alimente dans ce pays un artisanat domestique très actif. Elle est également à l'origine d'une huile essentielle industrielle vendue 
13 000 F/kg aux parfumeurs du nord. 

"A quoi ça sert l'amour ?" chantait Edith Piaf. "
A quoi bon planter des bigaradiers ?" se demandent, de la même façon, ceux qui ne connaissent de cet arbre que ses fruits amers. 
Le bigaradier, sosie de l'oranger, doit sa présence sur les trottoirs des villes tunisiennes à son parfum délicat. C'est en effet grâce à cet arbre, qui est à l'origine de l'ensemble de la famille des citrus, que l'on produit l'eau de fleur d'oranger. Il a l'avantage, en effet, de consommer moins d'eau que l'oranger et de réclamer très peu de soins. 

Son introduction en Tunisie remonte à la fin du 19è siècle. "Quand la récolte est bonne, le "zhar" frappe à notre porte comme un miracle..." explique Borhane Khiari, président de l'union locale des agriculteurs de Nabeul (Nord-Est tunisien). 
Le mot zhar, qui désigne l'eau obtenue avec les fleurs de bigaradiers signifie également pour les Tunisiens chance, aubaine. Pour Borhane Khiari, l'aubaine, ce n'est nullement les bigarades, fruits amers et immangeables, mais seulement ces fleurs oblongues qui en mars et avril emplissent le pays de leur senteur exquise.

Distillées, ces fleurs donnent l'eau de fleur d'oranger, parfum indispensable à toute bonne pâtissière ou cuisinière. Outre qu'il calme les nerfs, soulage les maux de tête, donne une sensation de bien être et éveille l'esprit, le zhar est utilisé pour asperger le corps des défunts, ce qui est censé leur donner plus de "zhar", c'est-à-dire de chance, devant l'éternel.La fabrication du zhar est une activité très populaire en Tunisie. 
Un tiers de la récolte annuelle, en effet, est distillé par les ménagères, ce qui représente 300 t/an. Pour beaucoup de femmes, cette activité donne lieu à un petit commerce saisonnier. Elles vendent l'eau de fleur d'oranger de porte en porte, dans les lycées et même dans les administrations.

Le néroli, spécialité tunisienne

Des fleurs de bigaradiers, on extrait également le neroli, une huile essentielle utilisée en pharmacie et en parfumerie. Première exportatrice de néroli, la Tunisie en vend actuellement 600 kg/an au marché de Grasse, dans le sud de la France, en Suisse et aux Etats-Unis. 

Un kilogramme de néroli est vendu 13 000 F car il faut une tonne de fleurs pour l'obtenir.La culture du bigaradier elle-même fait vivre environ 2000 familles paysannes qui assurent la moitié de la récolte globale. 
Celle-ci s'élève à 1000 t/an. 
La récolte moyenne par personne étant de 5 kg/jour, cette activité procure 50 000 journées de travail par an.Par ailleurs, la distillation industrielle introduite au temps de la colonisation par les Français dans la ville des potiers (Nabeul), concerne environ les deux tiers de la récolte, soit 600 t/an. 

Pendant la saison, l'usine travaille 24 h sur 24, avec trois équipes d'une dizaine de personnes qui se relaient, ceci en plus des six ouvriers permanents.A l'approche de la saison du Zhar, un air de fête règne dans tout le pays. 
Les ménagères munies de leur éternel couffin parcourent les vergers à la recherche des fleurs de la baraka. 

Les distilleries font leur toilette printanière : badigeonnage, entretien des chaudières et des canalisations.Mais tout climat de fête cache nécessairement des mécontentements. Sadok Slema, président du syndicat des travailleurs de la terre de Nabeul rouspète : "Les industriels sont de fins manipulateurs... 
Pour maîtriser le marché, ils ouvrent tardivement les centres de collecte pour que les agriculteurs soient à leur merci et consentent à vendre leur récolte à bas prix." Pourtant, décideurs, agriculteurs et industriels se sont mis d'accord pour fixer un prix minimum : 1,1 dinar, soit 7 FF, le kilo de fleurs. 
Mais peut-on vraiment s'y fier ?

                         

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